«Mon Dieu» : un extrait de «Regeneratie» d’Eva Coolen
En matière de sexe, dans la littérature néerlandaise, la vision masculine a prévalu pendant des décennies. Mais aujourd’hui, une nouvelle génération, principalement des femmes, met en lumière l’autre perspective. Eva Coolen est l’une d’entre elles. Regeneratie, le deuxième roman d’Eva Coolen (°1988), raconte la cavale de deux jeunes filles à la suite d’un crime qu’elles ont commis.
Maintenant, il commençait à frotter mon clitoris et je faisais de mon mieux pour ne pas réfléchir à la tête que je faisais, ni au fait que j’avais menti sur mon nom, ou si je voulais vraiment ce qui était en train d’arriver. Soudain, il me mit un doigt à l’intérieur. J’aimais mieux quand il frottait mon clitoris. Il s’était mis à genoux entre mes jambes et faisait aller sa main d’avant en arrière. Je relevai un peu mes jambes, pensant que ça ferait plus sexy, puis je formai avec mes lèvres un cri porno muet.
Je savais très bien comment gémir au lit et je savais qu’il fallait dire des choses stimulantes, du genre qu’on en avait très envie. Mais je n’osais pas et je me demandais s’il ne me trouvait pas trop silencieuse et s’il n’allait pas être déçu.
Il se mit à faire aller son doigt en moi de plus en plus vite en me regardant. Je détournai le visage.
«Mon Dieu, dit-il. Mon Dieu.»
Il posa les mains sur mes seins, j’espérais qu’il pince à nouveau mes tétons, et quand il le fit c’était comme si mes pensées s’étaient un instant mises sur off. Ma bouche s’ouvrit toute seule et un faible son s’échappa de ma gorge. Tandis qu’il continuait de triturer mes tétons, je dérivais de plus en plus loin.
Je voulais qu’il continue, encore et encore, pour éteindre tout à fait mon cerveau. Je veux le sentir en moi, pensai-je. Et je répétai cette phrase dans ma tête, comme si je pouvais la lui transmettre par télépathie.
Brusquement, il lâcha mes tétons et se coucha à côté de moi. J’attendis qu’il reprenne. Mais il ne bougeait plus, il restait allongé sans rien faire.
«C’est toi qui me touches maintenant?» demanda-t-il.
J’ouvris les yeux, de retour en un éclair. La moustiquaire pendait de travers, ouverte, et je me levai pour la remettre droit au plus vite. La gaze vieux rose était si belle et donnait à nos peaux un éclat rougeoyant dans la lumière qui arrivait par la porte ouverte de la salle de bains. Je voulais retrouver la sensation de n’être plus qu’un corps.